Drasmal, Terre de Sanglots
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 Correspondances épistolaires de Laakën

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axel evigiran
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 22 Juin - 10:45

Troisième missive

Ma très chère Tàri

Comme vous le voyez douce mère, je fais tout ce qu’il convient pour vous plaire en vous appelant par votre prénom. C’est que je me languis si loin des notre… Et c’est crève-cœur que de guetter à m’en abîmer les prunelles les voiles sur l’horizon, espérant recevoir de vos nouvelles. Avez-vous reçu mes missives ? Les trouvez-vous comme il faut ? Que voulez-vous que je vous conte de ce monde ci ? Vous vous portez bien ? Et que fait notre bon ami ? Toujours à courir la lande ?... Je m’imagine à vos coté, respirant votre parfum si réconfortant… Ah je me demande ce qu’il m’a pris de vous écouter et me laisser bercer de vos songeries délicieuses.

Je tue le temps comme je le puis… Moi qui rêvais de mystères terribles, de secrets irracontables et d’épopées indicibles, me voici réduite à aller chasser le cerf pour glaner quelques piécettes… Mais je ne vais point me lamenter davantage très chère maman, car je suppose que c’est notre lot à tous que de se griser de l’insondable nouveauté, avant de voir enfin la réalité dans toute l’étendue de sa trivialité ; c’est juste que c’est une expérience inaccoutumée pour moi, c’est sans doute ce qui contribue à forger un caractère.

Comme je vous l’avais narré dans ma précédente missive, je n’ai pour l’heure point rencontrée ni frères ni sœurs de sang. Les gens ici ne sont point surpris cependant que de croiser damoiselle aux oreilles pointues à iris jaune, et ce n’est point plus mal que de se fondre dans le paysage sans être soumis à quolibets ou méfiance rédhibitoire. Je vois deux causes à ce phénomène : d’une part les autochtones, courbés par le labeur et la rudesse de l’existence ici n’ont point loisir à batifoler plus loin que leur subsistance, et si l’on se montre à leur encontre discret, sans agressivité, et bien nous leur restons transparents, à mille lieux de leur préoccupations quotidiennes. D’autre part il y a les aventuriers… Ils sont assez nombreux ici, attirés sans doute par des espérances de gloire et de fortune, et, de fait, cette engeance, habituée aux voyages a souvent connaissance déjà de moult races et peuplades de Toril. Obnubilés qu’ils sont par leur désir de pillage et de rapines ils ne que peu enclins à d’autres discussion que préparations d’expéditions, ce qui au demeurant est plutôt palpitant et change de l’ordinaire ; et joindre parfois l’un de ces groupes c’est un moyen pour moi de voyager et cartographier la contrée à moindre risque et récolter de l’information… Le tout est de choisir d’honnêtes personnes, ou pour le moins, les moins malhonnêtes. Cette catégorie de baroudeurs est appelée à croître, chaque navire amenant sa cargaison de ferraille et d’épées… Cela n’ira point sans quelques difficultés ni tensions avec la population locale, qui se trouve cependant, comme attendu, assez divisée à ce sujet… Il y a tout d’abord ceux qui y voient un intérêt plus que certains : ce sont les aubergistes, les commerçants, les vendeurs à la sauvette, les chapardeurs et les mendiants de tous poils, toujours prêts à chanter les louanges de l’aventure, et ceci sans n’avoir jamais bougé le cul de leur basse cour… Qu’importe du moment que cela emplit la bourse ! C’est là le pouvoir du goût du lucre. Ensuite, il y a ceux qui voient dans ces vagues de hâbleurs et de braillards une calamité, risquant à chaque instant de faire basculer la contrée dans le feu et le sang, et pour qui, chaque raid de Gobelin est consécutive à l’exaction d’aventuriers dégénérés, et la preuve donc du bien fondé de leur jugement : ce n’est ni tout à fait faux, ni tout à fait vrai, comme toujours, mais il est bien connu que chacun, pour justifier son idéologie et ses valeurs, ne sélectionne et n’arrange que les faits qui lui permettent d’éviter tout ébranlement de son esprit… Il se trouve enfin des gens qui, tout simplement, aimeraient plutôt rester entre eux, tranquilles, sans n’avoir à redouter le moindre changement, que celui soit objectivement bénéfique ou pas, là n’est pas la question : l’ennemi c’est le changement ! Voilà, grossièrement peint pour la population… Reste que je ne puis, chère mère, vous parler du sentiment à ce propos des autorités de la région car je ne me suis point encore renseignée à ce sujet : grave manquement de ma part me direz-vous !... Je plaide humblement pour votre indulgence aimante, tant il est vrai que je n’ai point encore entièrement digérée mon long périple pour accoster ici, et qu’il est par ailleurs si difficile pour moi de m’acclimater en cette île pleine de caillasse…

Je m’aperçois présentement que je devais vous décrire, avais-je promis dans ma précédente missive, le premier humain croisée à Calar, mais je me rends compte que je fus trop optimiste, et que la feuille arrive à son terme… Vous avez déjà son nom, ce n’est pas si mal… J’ajouterai juste ici, faute d’espace, qu’il se dit Tempusien… Mais j’y reviendrai…

Ecrivez-moi vite Chère mère, et que les vents vous guident…
Votre fille dévouée.

Laakën
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyLun 2 Juil - 12:37

Ma très chère mère,

Il s’est passé quelques semaines depuis ma précédente missive ; mais ne vous inquiétez point, tout va pour le mieux – je n’ajouterai point cependant cette chute convenue qui m’a toujours horripilée: "dans le meilleur des mondes"… C’est que je ne suis point une optimiste, pas davantage d’ailleurs qu’une pessimiste… Les premier voient le meilleur partout et les seconds le pire… J’ai, de par moi, juste (et saine) ambition, chère maman, de voir le réel tel qu’il est : on dit de ces personnes qu’elles ont une vision tragique de l'existence : J'en prends acte et cela me va fort bien.

Enfin, comme tu le constates, de l’eau a coulée sous les ponts, mais comme le dit l’adage – ou a peu de choses près - je ne me baigne jamais deux fois dans la même eau ; ce qui ne m’empêche point de déplorer n’avoir toujours point de vos nouvelles… Je sais que cela ne puis être de votre fait et que la cause doit en être attribuée à un affreux naufrage ou tout autre facétie du destin... Bref je me morfonds loin de vous et de notre lac cotonneux.

Il m’en souvient vous avoir promis vous brosser le portrait du premier humain croisée à Calar… Et bien l’intérêt de la chose m’est passé… Il n’y a rien de fait à en dire car ne l’ai point recroisée depuis lors – ou si peu… Sachez juste que j’ai eu ouie dire qu’il s’était engagé dans une sorte de compagnie de mercenaires mineurs ; qu’il est plutôt vieux pour son espèce, prompt à vouloir ferrailler avec les gens locaux pour de stupides motifs : Inutile donc de s’appesantir sur un individu promis à une mort prochaine…
Plus passionnant est de vous révéler ici de qui je tiens l’information de la constitution de cette « compagnie des neufs lames », nom drôlesque s’il en est, tu en conviendra chère mère pour des porteur des pioches… Il s’agit d’un semi-orc, éduqué comme peu d’humains le sont… Il vénère Tyr et vient d’Eauprofonde… Parents adoptifs… Je tacherai de t’en dire davantage si l’occasion s’en présente, et si, évidemment l’envie m’en prend…
Pour ce qui est de la constitution de cette compagnie de piocheurs, cela s’explique de part le fait que l’autre village de la contrée, étrangement nommé « Mont noir » (puisque la montagne n’est point couleur ébène -il doit y avoir un sens secret ici que je me ferai fort de découvrir) tire ses ressources essentiellement des entrailles de la terre ; de fait on croise ici moult nains - mais ce ne sont pas eux qui paraissent diriger les manœuvres, je me renseignerai mère à ce sujet…
Mont noir, donc, perché sur une montagne : un forgeron, un temple, quelques échoppe faméliques et te voilà sommairement brossé l’endroit… Si tu savais comme je regrette ne point avoir emportée davantage de toilettes !... Je sais me diras-tu qu’il y a l’utile et l’accessoire, mais dans ma condition, je t’assure chère maman que je fais peine à voir dans l’austère et pouilleuse armure de cuir qui est mienne…

Passant du coq à l’âne, ou du Gobelin au Kobold, je dois aussi te dire que la faune ici est des plus hétéroclites… On raconte qu’il en est ainsi des nouvelles contrées d’ou transpirent légions de mystères… Or le véritable mystère est, de fait, tous ces gens : Sans être exhaustive, loin de là chère mère, et juste pour te dresser un tableau en forme d’esquisse, je puis sans mentir te dire avoir croisée : un Halfelin conteur, un semi-orc donc fort cultivé, un nain qui s’était pris idée de m’appeler « poulette », des humains donc : des vieux aux jeunes en passant par une ancienne bonne, spécialiste émérite du Sanglier grillé, une druidesse, un rêveur, des nigauds et des brutes vulgaires, et aussi, tient toi bien : un jeune frère sylvestre qui ne connaît point la langue Sylvaine et un autre frère Doré qui lui a eu la cuisse bien entaillée, par un Gobelin, à peine arrivé.

Pénurie de parchemin, hélas…
Et espérant chère mère que cette prose vous trouve en bonne santé.


Votre fille, Laakën…


Ps : je trouve l’un mes frères de sang fort joli… Mais ne nous en laissant point conter par figure bien faite…
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 6 Juil - 10:50

Juste une petite aparté hrp pour indiquer que j'ai repris ces correspondances dans un blog à cette adresse :

http://evigiran.over-blog.com/

Je vais continuer à mettre ici ces missives, et dans le blog j'y mettrai davantages de choses (des screens, illustrations, d'autres informations RP que je ne souhaite pas mettre ici ; également sans doute des infos/documents liens liés aux Jdr en ligne, les RO, etc....)

Voila Very Happy
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyMer 18 Juil - 10:18

Terres de Drasmal, Calar, 29 Marpenoth de l'an 1372 du calendrier de Vaux
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Chère mère

Comme tu le vois je m’accommode de ma nouvelle existence du bout du monde ; j’y ai pris de petites habitudes – juste la dose idoine pour ne point user mes nerfs sur le qui-vive, mais sans excès pour demeurer alerte, et m’affranchir des mollesses délétères de la monotonie.
Je ne ménage point ma peine pour consigner tout ce que je vois de notable – que se soit au fond de ma mémoire ou sur un petit carnet fabriqué selon la manière que tu m’a apprise… Il est beaucoup question de vielles ruines et les conjectures vont bon train sur la nature et le type de civilisation des anciens habitants de Drasmal… D’aucun affirment même avoir eut ouie dire de ces vielles pierres depuis le continent – et se prennent à justifier leur présence à ce motif; mais ce fatras de mensonges ne puis confondre que les naïfs ; de vérité je suis ton enseignement et me méfie de cette rhétorique, qui faussement dévoile, pour mieux arracher de vaines confessions...
Les aventuriers arrivent de manière erratique sur l’île, au grès du vent qui gonfle les voiles… D’autres repartent ou disparaissent avec leurs rêves… D’elfe nous commençons à être en nombre et paradoxalement ce n’est point forcément parmi eux que j’ai trouvé mes meilleurs compagnons de route… Certes nous formons une communauté bigarrée avec des représentants de la lune, du soleil, ou des bois – enfin des landes herbeuses comme moi ; et certains sont plus humanisés que d’autres… Il n’empêche… Pour t’illustrer mon propos, chère mère, voici deux exemples : Je débute avec cette gougnafiasse(1) insolente, que je n’avais jamais croisée auparavant et qui est sortie de nulle part me disputer grossièrement dans les bois mon gibier ; d’elfe je confesse qu’elle n’en a que les oreilles pointues ; certes, une altercation ne permet point de porter jugement définitif, mais, à notre grand dam, nous l’avons recroisée alors que nous étions occupés à explorer une vielle tour : elle s’est montrée fort désagréable envers nous tous – comme si elle faisait des efforts pour se rendre de son mieux insupportable ; arrogante et opportuniste, et cette peinture que je te fais mère n’use point de vocables plus crus que j’aurai pu me permettre en la circonstance… J’en viens à présent à mon second exemple : précisément cette expédition dans la vielle tour. J’étais avec Damoiselle Opaline, une humaine, ensorceleuse de son état – comme j’ai déjà dû te le préciser - et le maître nain Bosco. Et bien tous deux sont adorables au possible… Bosco ne cesse de faire des cadeaux, se montre empressé et charitable ; Opaline est plus réservée, mais il émane d’elle une grande gentillesse… J’avais une telle appréhension des nains avant de débarquer sur ce caillou pelé… Tous mes repères sont chamboulés… Bien sûr je ne tire point de cas particuliers de généralité, mais tout ceci me laisse bien perplexe….

J’en arrive au terme de cette missive mère, et je couche cette dernière phrase que j’aurai aimé ne pas avoir à écrire : je n’ai toujours point la moindre nouvelle de vous ; c’est une habitude désormais et je cesserai de m’en plaindre.

Votre fille dévouée, qui navigue dans le vent du grand sud…

Laakën.

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(1)GOUGNAFIER, subst. masc. (source centre national de ressources textuelles et lexicales)
Pop. Individu sans valeur, qui ne sait rien faire de bien.
REM. Gougnafe, subst., synon. de gougnafier.
Prononc. : [guɳafje]. Étymol. et Hist. 1899 « bon à rien » (s. réf. ds ESN.); av. 1901 (A. B[ruant] s. réf. ds BRUANT, 1901, p. 332, s.v. noctambule). Orig. controversée. À rapprocher de gougnafiasse « goinfre » (1891, RICHEPIN, Truandaille, p. 55 ds SAIN. Lang. par., p. 321). Dans SAIN., loc. cit., gougnafier est défini « paillard » et considéré, ainsi que gougnafiasse, comme dér. de gougne « prostituée » (gouine)
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyJeu 19 Juil - 12:49

Terres de Drasmal, Calar, 02 Uctar de l'an 1372 du calendrier de Vaux
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Mère

Il ne s’est passé que quelques jours depuis ma précédente missive, mais je n’ai d’autre loisir que d’écrire dans l’état ou je me trouve… C’est que tu vois, je suis en en convalescence à Calar consécutivement à une expédition calamiteuse qui s’est déroulée dans des grottes sous les falaises pas très loin d’ici, un peu au-delà d’une ferme isolée – je puis presque les toucher du regard d’ou je me trouve présentement… Quelle ironie n’est-ce pas ?... Je suis enroulée contre un arbre, genoux repliés contre la poitrine, surplombant la cote, et je puis discerner, vaguement au loin ces bouches béantes de ténèbres qui nous ont avalées… Le vent me réconforte… Le soir tombe… Pardonne, mère, cette écriture chaotique…

Je te rassure, j’ai bénéficiée d’attentions et de soins délicats qui font que fort probablement je ne porterai point de stigmates visibles de cette déconvenue ; en fait de blessure, une seule me fait véritablement souffrir : celle portée à mon amour propre… Etre ramenée inconsciente, comme un sac de féculent n’est guère une joyeuseté que l’on a envie de retenir pour la postérité… Mais refouler cette douloureuse expérience dans les limbes de mon esprit ne serait guère sage.
Nous avons tous été décimés – tout ceux de notre dramatique randonnée - et c’est hasard qui a fait qu’un groupe d’aventurier est venu se buter sur nos corps endoloris, et qu’ils se soit trouvé qu’ils n’étaient point des malandrins invétérés, ni charognards dépeceurs, et qu’il fussent assez charitables pour nous ramener au village sans encombre.

Pour te brosser le tableau succinct de notre équipée voici brossés les protagonistes :

Indo, l’elfe d’Eternelle rencontre, instigateur et organisateur de l’expédition.
Erag, le semi-orc d’Eauprofonde qui n’accepte point ses ascendances.
Nizan, de la race des petits hommes, guerrier à ce qu’il m’a dit.
Cendur, l’elfe dit-on émotif, et qui aime les joutes oratoires.
Bosco, le maître nain dont je t’ai déjà parlée.
Phael, l’homme âgé, qui se dit novice de Tempus.
Opaline, l’ensorceleuse que tu connais pareillement.
Et puis moi donc.

Il avait été décidé trois lignes : par devant Phael, Indo et Erag ; notre force de frappe… Au milieu Bosco avec Nizan et à l’arrière Cendur, moi et Opaline.

Très vite le groupe s’est trouvé disloqué… A vrai cela arriva dès l’entrée dans la grotte je dois le confesser, et cela n’augurait rien de bon… Phael n’ayant point pris sa position nous l’attendîmes alors que l’avant garde nous pressait d’avancer sans tenir compte de nos avertissements… A contre cœur, résignés nous le laissâmes en arrière car on venait de nous crier de devant qu’il connaissait le chemin, ce qui s’avéra faux… Dans la pénombre certains se fourvoyèrent, et s’engagèrent dans de mauvaises galeries inondées… Tant est si bien que notre épopée vira vite à la catastrophe, nous retrouvant, nous égarant à nouveau, harcelés par les éléments furieux…

Pour te dessiner un peu à présent l’ambiance de ces lieux, mère, je dois expliquer que c’est un labyrinthe immense que ce réseau souterrain, inondé à moult endroit… Certains boyaux sont d’un noir d’encre – un noir plus noir que le noir, et d’autres auréolés de lueurs diaphanes aux reflets bleus, verts et mauves… L’humidité sature l’air, dégouline en grappe sur nos vêtements, filets délétères qui s’incrustent dans les plus infimes endroits de la chair… Les bruits sont tordus ; ils vrillent les tympans ou au contraire parfois se perdent dans les méandres des cavernes, ce qui ajoute à ce permanent sentiment d’oppression que l’on ne peux s’empêcher d’éprouver la bas, dans les entrailles de la terre… C’est un lieu tout à la fois splendide et affreux ; fascinant et répugnant… Un monde de contrastes qui fait que l’on avance malgré soi.

Pour reprendre le fil de mon récit, mère, il est a noter qu’au delà de notre désorganisation honteuse, les dieux devaient être ce jour là assez chagrins, pour s’acharner ainsi à nous briser sur les écueils de notre fierté… Je ne parle point des chauves-souris qui ne firent que nous égratigner… Non, je veux évoquer les esprits Chtoniens et les créatures d’eau qui hantent ces dédales et qui se sont pris, tels une armée en marche venue de nulle part, à nous molester comme si nous souillions leur sanctuaire – ce qui de fait fut peu être le cas…

C’est à plusieurs de ces bêtes liées aux éléments de la nature, qui me prirent en tenaille sur un pont, que je dois d’avoir sombrée dans la douce indifférence de l’inconscience. Au delà de la douleur, apaisée…

Voilà pour les faits…

Sur un plan plus subjectif, il est sûr que cette expédition, au delà de notre échec ne sera point sans traces ; je vois certains tempéraments se dessiner, des réputations se construire, des masques se défaire… Un petit goût d’amertume sur les lèvres…
C’est dans l’adversité que l’on montre son âme…

Les Aléas… Ce sont les aléas que de perdre certains d’entre nous… Ces paroles résonnent encore dans mon crâne et me blessent… Je serai peu être un jour aussi un de ces aléas, un de ces fâcheux contre temps, que l’on s’empresse d’oublier et que l’on abandonne à la nuit…

Voilà mère l’essentiel de ce qu’il y avait à dire… Le soleil s’est fatigué et se laisse couvrir par la mer…


Votre fille qui vous aime ; une pensée à notre bel ami…

Laakën.
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyLun 1 Oct - 16:58

Terres de Drasmal, Calar, je ne vous dirai point la date mère, juste pour votre déplaisir
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Chère Mère,
Cela faisait bien longtemps que je m’étais résolue à ne plus vous écrire, juste par méchanceté et vous rendre la monnaie de votre pièce, mais mon vague âme a fini de submerger les digues de ma conscience ; il me pousse à vous pardonner de ce silence intolérable. Il faut bien aussi que je m’épanche, alors autant que cela soi vous, mère indigne.

J’ai tentée une fois de quitter ce cailloux pelé pour revenir gouter à ce spectacle limpide de notre lac à l’aurore, mais j’ai dû choisir un mauvais navire et j’ai été « oubliée » lors d’une escale, sans qu’il soit omit de me détrousser au passage. C’est fort piteuse que je suis revenue à Calar noyer mon amertume et ma rancœur.

Je suis ainsi restée dans l’ombre à noircir des parchemins que je jetais à la mer par dépit plus que par rage. Mais ayant mangée mon maigre pécule il m’a fallut sortir de ma torpeur. Les Shamans gobelins en ont payé le prix fort. J’ai les mains rouges de leur sang et ne rêve plus que de décapitation. Cela vaut autre chose.

Chemin faisant, lors de l’une de mes funestes sorties dans le marais, je suis tombée sur un humain jeune de traits et pourtant blanc de cheveux. Un ferrailleur expérimenté. Grace à son escorte nous sortîmes d’une épave ou je n’avais jamais osée mettre le nez sans trop d’encombre.
Lorsque je le revis le lendemain il était rouge de colère : c’est que, confia-t-il, une femme l’avait délestée de gemmes et de moult potions. Il était sûr de son fait et se disposait à la chercher pour la peler comme un fruit trop mur. Je vous avoue mère, que dans mon fors intérieur cette histoire m’apparut somme toute insignifiante, mais il désœuvrement fit que je l’accompagnais à Mont Noir, après lui avoir fait promettre – histoire de ne pas retrouver impliquée dans une sale affaire - de ne point se faire justice soi même s’il parvenait à récupérer son dû.

De fait la dame en question, une certaine Lunaline Belette, ou quelque chose d’approchant, se trouvait à l’auberge en compagnie d’Opaline. A cet instant jamais je n’aurai songée qu’un différent, somme tout aussi banal, puisse donner lieu à une telle inflation, au point de donner migraine. Imagines le type – il s’appelle Erk- tapant du pied, ou pianotant sur son plastron pour réclamer ses potions, la fille ne voulant pas par honneur ouvrir son sac, lui la traitant de voleuse et elle courroucée, lui la menaçant et elle se récriant, lui réclamant justice et elle aussi. Nous finîmes par trouver le compromis d’un terrain neutre pour ouvrir le sésame, objet du litige. De fait Opaline et moi trouvâmes bien 10 potions dans le sac ainsi que quelques gemmes. L’affaire aurait pu en rester là mais la dame n’en démordit point et affirma que ces potions étaient siennes, qu’elles les avaient acquises la vielle chez l’herboriste. Ce dernier, tenant registre de ses ventes, nous allâmes donc vérifier ses dires, alors que l’homme ne pouvait masquer un rictus de triomphe – je lui avais fait promettre de s’excuser à genoux si le sac ne contenait pas 10 potions. Le verdict tomba. Pas de nom de la dame la veille, mais seulement l’avant veille et pour 5 unités. C’est alors que survint à propos un petit homme tout d’orange vêtu, visage à l’ombre d’un grand couvre-chef à plume. Selon ses théories il ne s’agissait là que d’une joute amoureuse entre la dame Lunaline et le sieur Erk, ce qui ma foi était plausible au vu de la tournure des choses, car cela se solda par un baiser de l’homme sur la tempe de la damoiselle cramoisie – sans que je puisse affirmer si c’était la colère ou la pamoison.

Pour conclure, comme tu vois mère je fais feu de tout bois, n’enivrant des affaires quotidiennes des humains qu’il m’est loisible d’étudier.
Je ne te souhaite point de choses agréables – du moins tant que je ne recevrai rien de toi.

Ta fille Laakën qui t’aimes quand même.
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyMar 6 Nov - 13:55

* En débarassant la chambre abandonnée depuis plusieurs semaines, l'aubergiste de Calar a trouvé une copie de ces missives. Laaken a disparue et n'a prévenu personne de son départ. ce quelle est devenue ? Qui sait et qui s'en préoccuppe d'ailleurs... *

(hrp : voila confirmation de ma pause sur Drasmal, effective déjà depuis plusieurs semaines). Very Happy
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 4 Avr - 10:32

Terres de Drasmal, Calar, 5 années plus tard
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Mère,

Cinq années d’errances, de frustrations de désillusions. Cinq années où j’ai endurée mille martyrs – Et je connais le poids des mots ! Je fus blessée, dépouillée, humiliée, ignorée, tabassée, vendue rachetée, captive, fugitive… Et toi chère mère qu’a tu fais durant toutes ces interminables lunes ? Rien. Tu ne m’as honorée d’aucun signe de réconfort. Nenni ! Evidement, on pourrait arguer du fait que je ne puis être assurée que mes lettres ne se perdent point dans les abimes de l’océans. C’est possible mais je n’y crois guère. Une autre éventualité plus funeste serait que mes mots se trouvent désormais destinés à un cadavre, et que l’on évite de me répondre pour ne point m’attrister. J’ai peine à l’imaginer mais je ne puis chasser effrontément d’un geste de main désinvolte cette idée de mon front. Alors je le dis tout net ; haut et clair à celui ou celle qui me lit : ne me laissez pas dans le tourment et versez-moi derechef tout le fiel de la vérité sur le cœur ! Que je sache enfin que j’écris pour les vers et les bestioles qui mangent le cœur de ma chère mère….

Mais pour l’heure, évitons de songer au pire – ce qui est entre nous le premier reflexe commun à toutes les espèces. Il demeure une dernière alternative : Mes missives ne sont point perdues mais interceptées par je ne sais qui, et dans je ne sais quel but. Ou plutôt si. Je sais ! Je sais, car mon imagination galopante pallie aux infortunes de ma médiocre destinée. Plus beaux sont les rêves, plus insipide est l’existence. C’est le prix à payer dit-on. Alors j’inonde de couleur la scène de mon âme et j’y dessine un amour épistolaire aux yeux clairs et dont l’esprit éthéré me subjugue. Il a inscrit mon nom sur sa poitrine et il me cherche éperdu aux quatre coins de Toril. Esclave de la muse, il se trouve incapable de se déprendre de ma musique qu’il garde tout contre son cœur.

Diantre ! Comme cette douce fantasmagorie me réconforte ! Comme elle apaise tous les maux qui me brulent de l’intérieur. Mais ce n’est qu’une échappatoire. Je le sais. Viscéralement. Alors j’ouvre le rideau de mes prunelles et je ne découvre que grisaille. La réalité est bien terne et le ciel si bas… Et pourtant je sais que le monde doit recéler plein de beauté. Il suffit de tendre la main, de choisir un fruit. Mais ne point se tromper et cueillir celui de l’amertume.
…….

« Cesse de rêver ! Cesse de geindre et de t’inventer des mondes merveilleux ! Assez de ce romantisme sirupeux, de cet apitoiement sur toi même et qui donne la nausée. Ressaisis-toi ! Débarrasse ton âme de ces cendres délétère qui te paralysent. Agis-ma fille ! »

Voilà ce que tu me dirais !

Et j’aurai la rage au ventre en t’écoutant ; un sentiment d’injustice et la salive amère. Alors, révoltée, sachant ton peu de goût pour l’art des humains, et juste pour te déplaire, je te ferai citation d’un de leur poète qui conviendrait à mon humeur : « Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine ; Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine. D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau »*.

Et quoi ? Rétorquerais-tu : Cinq ans ce n’est rien dans la vie d’un elfe ! Et moi je te jetterais à la face : Oh combien tu te trompes mère. J’ai plus appris du cœur des hommes en ces cinq années qu’en toute une vie. Et « que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? »*. Elle me défierait alors de son regard d’obsidienne, sourire ironique aux lèvres, sans penser à mal, mais elle ferait ainsi juste parce qu’elle sait que ça m’irrite. Elle attendrait un long moment, puis soudain, d’une voix douce et maternelle me susurrerai : Quelles leçons as-tu tirée de toutes ces déconvenues ma fille ? Regardes – toi. Tu t’en es retournée sur ce caillou pelé. Drasmal c’est cela ? Et qu’as tu fais à peine revenue ? Tu es tombée sous la griffe d’un ours monstrueux car tu leur as fait confiance ! Tu as fait confiance aux humains et ils se sont joués de toi ! Tu as servi d’appât à la bête et eux n’ont songés qu’à se glorifier du massacre et se gaver d’or !
Tu aurais raison Tari. Oui, mais je ne saurai te l’admettre. Je suis trop fière pour cela. Alors, si tu états là devant moi chère mère, je te rétorquerai que tu ne sais voir que l’ombre et l’ignominie. Et pour preuve, un homme m’a soigné. Il a soulagé mes maux et en outre m’a offert une amulette, sans contrepartie, aucune ! Oui un homme a cela pour une elfe.

Naïve, aurait-elle alors chuchotée amusée. Aller va. Cours. Envoles toi vers les nues. N’oublies point notre déesse. Dessine ton destin. Sculpte-le…


* Joachim Du Bellay, Les Regrets (1558)
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyJeu 10 Avr - 13:54

Terres de Drasmal, Calar, 05 Uctar de l'an 1377 du calendrier de Vaux
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Mère,

Du fond de ma nuit je t’adresse cette missive de ces terres du bout du monde; Oseras-tu le croire ? Et bien je dois le confesser : je mes suis étonnée à arpenter ce cailloux venteux de Drasmal sourire aux lèvres. C’est étrange d’ailleurs que ce sentiment, cette nostalgie qui nous étreint et qui nous pousse à remettre sans cesses nos pas dans le passé. Il faudra que je m’y attarde un jour, que je m’explique ce profond mystère qui fait qu’une jeune elfe d’à peine 135 années s’accroche à des chimères si insignifiantes – Et ô combien ce sentiment doit-il être exacerbé chez les humains, cette race éphémère qui se fane en quelques printemps. Mais cela n’est pas mon propos ici, et je te prie mère d’oublier cette inopportune digression.

J’en reviens donc à l’objet de ma missive. A ce stade de ta lecture je suis assurée, Mère, que ton esprit bouillonne de curiosité tout autant que de perplexité ; comme tu me l’as si bien appris je connais le poids des mots, et de fait j’use volontiers des formules qui m’apparaissent idoines et les contextualise, je l’espère à propos. Si je m’exécute ainsi c’est pour te plaire, tout autant que de m’exercer à l’art. Il m’en souvient la leçon ou tu m’as confiée que seul les sots faisaient fi de la quintessence du verbe, ne voyant dans les phrase qu’un moyen de comptabilité, tant il est connu que l’écriture fut inventé à des fins mercantiles. Passons. Je me surprends à m’égarer encore ! Il me tarde de pouvoir rassembler cet esprit éparpillé qui ne cesse de m’échapper… Mais sans doute est-ce dans ma nature la plus intime : Effervescente comme le vent !

Bref, tu n’as pas été sans voir que la forme poétique de mon ouverture recèle un message destiné à convier à la lecture ta sagacité légendaire. Et si je t’ai dit que je t’écrivais du fond de ma nuit, c’est que des ombres semblent avoir déferlées sur l’île. Littéralement. Objectivement. Ce phénomène, tangible tout autant qu’intangible est pareil à un souffle rampant, un mal insidieux et qui ronge peu à peu les volontés les mieux installées.

Pour te fixer une chronologie de la chose, voici ce dont ma mémoire a souvenance : Je fus en butte tout d’abord, à ces ténèbres avec quelques compagnons d’infortune à Calar. Il s’agissait de tâches d’ombres d’ou surgissaient des créatures bipèdes, fantomatiques incarnation aux yeux incandescents. Nous fûmes reflués dans l’auberge qui se changea en camps retranché, tandis que dehors le jour refusait, contre toute logique, obstinément à se lever. Las, les choses virent nous harceler à l’intérieur. Pour être tout à fait précise il y eut aussi à ce moment là des attaques de chauves souris, si nombreuses que je ne pu empêcher moult d’entre elles de se prendre dans mes cheveux alors qu’elles tentaient de me griffer le visage. Avec le recul Mère, je me rends compte que nous ne dûmes point notre survie qu’à notre pugnacité à ne point trépasser, même si notre cohésion fut plutôt une bonne surprise. Non. Si je suis là, vive à te relater ces péripéties c’est grâce à la victoire du jour qui parvint à percer l’ombre, condamnant les affreuses bêtes griffues à se tapir dans l’auberge avant de se trouver disloquées par la pleine lumière.

Il y eu ensuite l’attaque sur Mont noir. Mais avant d’y revenir, est survenu un autre événement aussi curieux que funeste. Sans connexion apparente.
C’est une petite personne, au demeurant fort aimable et qui répond au nom de Mara qui à découvert sur la plage un hideux massacre. Comme je passais par là, elle me héla du bas de la falaise et nous investiguâmes sur les lieux avant d’aller rapporter la chose à la capitainerie de Calar. C’était répugnant à regarder que ces pêcheurs découpés comme des poissons, d’autant que certains avaient expurgés leur corps de ses immondices avant que leurs prunelles ne se figent pour l’éternité. Le seul indice que nous trouvâmes outre ce que j’ai déjà décrit fut un bout de papier détrempé ou il était inscrit le nom de Gulder. Un peu plus tard le capitaine de Calar, que nous étions allés quérir, eu la chance de trouver dans le sable une bague portant le symbole de Loviatar. Ce fut tout pour les indices, si ce n’est que nous trouvâmes d’autres cadavres sur un ilot face à la plage, ou nous nous étions rendus, attirés par un feu survenu on ne sait comment au pied d’un vieux phare délabré.

Il se passa ensuite pour moi une journée on ne peut plus banale, et tout paraissait devoir sombrer à nouveau dans la routine. J’avais trouvé un petit travail de messager entre Calar et Mont noir, et ma foi cela me convenait plutôt que cette relative liberté rémunérée. C’est alors que survint un nouvel incident… Alors qu’ayant délivré mon message au responsable des mines de Mont noir je m’apprêtais à dévaler la montagne porter sa réponse à Calar, je fus avalé par des ombres d’ou sortirent des espèces de chats éthérés, noirs d’encre, et dont les prunelles de braises me saisirent jusqu’à l’os. Pire j’avais certitude d’avoir distinctement entendu une femme incanter ! Inutile Mère de te dire que je pris les jambes à mon cou, rebroussant chemin afin de me réfugier derrière les hautes murailles de la cité de la montagne. Je voulu porter l’alerte mais las, je fus rudement accueillie par un garde de la revêche qui commande la place. Certes, selon toute évidence ce soldat avait la peur au ventre, mais est-ce raison, Mère, que de me rudoyer abjectement et traiter ta fille de « putain d’elfe » ? Non pas. Heureusement que bien qu’ayant le sang vif, je sais faire part des choses, et qu’il est des circonstances ou l’intelligence commande de ne point se laisser atteindre par la fange des peuples éphémères. Aussi je ne fus pas peu fière que d’éviter d’envenimer la situation, me contentant de battre retraite. Sur la place centrale se trouvaient, près d’un feu de camps deux aventuriers qui concédèrent avoir subi même mésaventure que moi. Le premier était ce mercenaire du Cormyr, Sieur Jerdanis, un mâle aux titres ronflants que je ne te ferais point offense de recopier ici, accroché comme une moule à son rocher à sa gloire passée (réelle ou fantasmée je creuserai cela), et avec qui j’avais déjà été à la chasse au l’ours – cette fameuse entreprise calamiteuse ou les humains s’étaient servis de moi comme appât. Autant dire que je me méfie de ce malotru et ne le porte pas particulièrement dans mon cœur ! L’autre, je l’appris plus tard est en quelque sorte son sous fifre ; un semi-orc libidineux se nommant Durak. Il n’a eu que de cesse que de tenter de me baver sa luxure dessus. Par les sangs que notre déesse me préserve de ses sales pattes velues !

Enfin, comme tu le constates, cela faisait belle équipe. Et ce fut pire lorsque nous allâmes attendre le lever du jour à l’auberge tenu par un nain qui n’eut de cesse que de me harceler comme savent faire les courtes pattes. Et pour couronner le tout, à peine fûmes-nous attablés que nous entendîmes comme des voix d’outre-tombe venant de la cave. A contre cœur il me fallut bien accompagner ces trois mâles, car d’une part, s’il était hors de question de passer pour lâche devant l’outre à bière, d’autre part je sais qu’ignorer un danger ne permet point de s’y abstraire. Donc nous descendîmes, et comme on pouvait s’y attendre cela recommença comme à Calar, mais il y eut quelque chose aussi, et si ce n’était point si sinistre que j’en raierai à gorge déployée… Cette chose était une femme costumée d’ombre ; une âme glacée implorant qu’on la réchauffe. Ce spectre semblait commander aux ténèbres ; apparaissait subitement à un endroit avant de s’éclipser tout aussi abruptement, dardant ses stylets obscurs sur tout ce qui lui était proche. Sa voix était une lancinante complainte… Nous n’avions aucune échappatoire possible, et faiblissions à chacune de ses caresses. C’était effroyable. Ce fut le Sieur Jerdanis qui parvint à la repousser on ne sait ou, suffisamment longtemps pour nous permettre de fuir, en lui projetant une torche enflammée, nous épargnant ainsi un sort funeste. Tu me diras, chère Mère, que dans ce que je viens de conter rien de drôle. Et bien c’est que je n’avais pas encore couchée sur le parchemin le fait que la femme d’ombre en voulait particulièrement au semi-orc, dont les cheveux se dressaient sur la tête à l’idée que de se retrouver à copuler avec un spectre ! C’est une maigre consolation j’en conviens.

Mère, tous ces événements portent à accroire que de profonds mystères courent sous la croute pelée de Drasmal. Et pour accréditer mes dires, s’il était encore besoin, je me dois de confesser que nous trouvâmes dans l’auberge un sac abandonné. A l’intérieur, un parchemin rédigé en ancien elfique ; ce genre de missive dont tu m’as montrée jadis des exemplaires. Tu sais, ces ordres de missions dont usent les Ménestrels. Je l’ai lu et relu pour l’inscrire en ma mémoire, puis me fiant à mon instinct, j’ai livrée aux autres le texte à haute voix. Peu être ai-je trop dit évoquant le nom de ménestrels. J’espère que je n’aurai point à le regretter. C’était une énigme. Et ce fut paradoxalement le semi-orc qui trouva immédiatement la réponse ; cette réponse qui ouvre à d’autres questionnements qui me font beaucoup plus vibrer que cette quête elle même : A qui appartient donc ce sac ? A t-il été laissé là à dessein ? Aurai-je du me taire, tout garder par devers moi ? Ne point prononcer le nom fatidique de Ménestrels ? Au contraire dire qu’il s’agissait manifestement d’un ordre de mission ? Qui sont ces frères et sœurs de sang ? En quoi sont-ils impliqués ? Quel mal poursuivent-ils ? Ce Guldar qui est-ce ? Et cette clé ? Ce chat ?… Plutôt devrais-je écrire ce « chas »… Magie des mots toujours… Il me reste, Mère, à délier le fils de l’écheveau et l’introduire là ou il convient – passant outre la connotation triviale du vocable, car il s’agit là « d’une toute une autre affaire que quand la déesse cache son chas ou ses seins, par une pudeur dont personne ne lui sait gré »*...
Mère je me prends à rêver d’une destinée qui me rendra digne de vous. Je vous en prie guidez-moi dans ce dédale…


Je vous embrasse avec toute mon affection. Saluez bien notre doux ami.
Votre fille dévouée ;

Laaken.


* L. Daudet, Les Bacchantes
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 18 Avr - 10:22

Terres de Drasmal, Calar, 16 Uctar de l'an 1377 du calendrier de Vaux
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Mère,

Je passe outre les formulations de courtoisie, les marques d’affections et de respect, les enluminures stylistiques ; j’en suis incapable dans l’état d’excitation ou je me trouve !

Peu être penseras-tu là qu’il s’agit d’un manque de sagesse ou de tempérance de ma part, et, lorsque tu sauras de quoi il en retourne, que ma frénésie présente est de nature morbide. Je t’en laisse juger mère.

Les faits : Un elfe a été trouvé mort sur la plage, estropié. Las lorsque j’ai voulu aller m’enquérir de l’affaire et demandé à voir le corps ce fat de Traben, le capitaine de Calar, m’a tendu une pelle en ricanant. Cependant j’ai appris plusieurs choses : L’elfe avait des traces d’écorces sur les mains et de la terre sous les ongles. Il a donc dû être charrié par une rivière vers la mer, ou a été précipité du haut d’une falaise. Le doute pour moi est de savoir si c’est son assassin qui s’en est débarrassé de cette manière ou si c’est l’elfe agonisant, qui voulant échapper à ses poursuivants a ainsi trépassé ; je ne puis compter sur Traben pour me le révéler car visiblement il n’a rien à faire des elfes et dans son esprit l’enquête est déjà bouclée. Pour te donner idée, Mère, de l’ambiance dans laquelle je baigne, sache que cet humain nous méprise au point d’oser nous traiter de macaque ! Cet esprit fangeux ne m’inspire qu’un légitime dégoût qui ne mérite que mon dédain. Mais je sais qu’il me faudra mettre de l’eau dans mon nectar car ce triste individu est incontournable. C’est ici que je retiens ta très utile leçon chère Mère, et je le prends comme un obstacle à surmonter. Les mâles ont leurs points faibles, tu me l’a moult fois démontré.

Il y a autre chose à savoir : cet elfe avait tatoué sur le torse une licorne. Le même symbole que sur un parchemin dissimulé dans sa ceinture et que je conserve précieusement. C’est étrange car pour moi la licorne est la représentation de Lurue, divinité du panthéon humain. Pourquoi donc un elfe aurait tatoué sur le torse la marque d’une dévotion envers la reine des forêts, Mailikki, ou sa monture ? A moins qu’il ne s’agisse d’une symbolique relative à l’appartenance à une quelconque organisation secrète que je ne connais point. Las ici c’est plutôt rustre et pour se documenter je ne puis compter sur aucune bibliothèque et les érudits ne courent point les sentiers. Pourtant tout semble lié. Mais j’ai là sous les yeux comme un puzzle dont les pièces ne s’emboitent pas et d’autres sont perdues : le sac d’un elfe trouvé dans l’auberge de Mont noir. Les ombres. Ce cadavre à la licorne. Guldar. La clé. La femme d’ombre. L’idée qu’il y a peu être une communauté elfique sur Drasmal me transporte d’allégresse, mais pourquoi diantre ne se montrent-ils pas ? J’ai moult question Mère, mais point de réponse. Il me faut persévérer.

Voici Tàri, ce qui me brulait de te conter. Mais avant de plier le parchemin et t’adresser ma missive je veux juste te peindre très brièvement quelques aventuriers qu’il m’est fatal de côtoyer, car tu risque de les retrouver au long de ces aventures :

* Cled, dit le poissard. Un grand échalas qui ne cesse de geindre. Il est plutôt lâche mais pragmatique. Il n’a de cesse que de me piquer de mots aigres. Quitter l’île apparaît être son objectif premier, mais il se comporte comme s’il voulait s’établir ici. Il porte usuellement un heaume ridicule surmonté de cornes et d’une petite huppe qui lui donne l’air d’un barbare efféminé.

* Pers, l’ours. Un taciturne, un costaud qui lorsqu’il émet plus de trois grognements dans l’heure signifie ainsi qu’il est d’humeur joyeuse. Je n’ai rien à en dire de plus pour le moment sauf qu’il est borgne.

* Malik, le séducteur. Un homme plutôt bien fait de sa personne, affable mais trop flatteur pour ne pas se rendre compte qu’abuse de ses capacités rhétoriques ainsi que des charmes dont il pense être doté pour vous tirer les vers du nez. Il est cependant agréable de converser avec lui, et je sais qu’il est d’origine barbare, une contrée très au Nord et que c’est l’ennui tout autant que le goût de l’aventure qui l’ont conduits à quitter les siens.

* Mara : Sautillante petite damoiselle. Elle fait partie de la compagnie du type du Cormyr, celui qui répond au nom de Jerdanis. Je t’ai déjà parlée Mère de ces deux là. Mara je l’aime bien. L’autre je m’en méfie.

* Durak, dit le libidineux. Pour lui aussi, Mère, je te l’ai déjà portraituré.

Le parchemin me manque pour poursuivre et ma flamme s’épuise.
Je t’embrasse avec toute la tendresse dont une fille est capable envers sa Mère.

Laaken.
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyDim 20 Avr - 10:56

[Hrp : ajout de quelques screenshots de Drasmal sur mon blog]

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Very Happy
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyLun 21 Avr - 12:01

Terres de Drasmal, Calar, 23 Uctar de l'an 1377 du calendrier de Vaux
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Mère,

J’ai fait le rêve étrange d’une brume tenace qui me serrait le cœur. Du ciel coulait l’acide et la lune ne m’apportait aucun réconfort. Il faisait si froid !..

Des ténèbres blanches m’enveloppaient et me coupaient du monde, pénétrant les tréfonds les plus reculés de mon âme. Egarée dans ce linceul je marchais à tâtons. Le vent filtrait au travers de mes vêtements, me glaçant jusqu’à l’os. Ma voix se perdait dans l’infini avec pour seul écho qu’une détresse abyssale. Puis, soudain il y eut ce mur ! Ces visages figés, saisis dans l’effroi. Ces corps tordus aux yeux exorbités ! Ils me regardaient ; ils m’appelaient et moi je me débattais, agitant les mains dans le vide et hurlant ma ferveur à Aerdrie, l’implorant de m’emporter dans les airs ! Mais le silence me répondait ; un bourdonnement affreux qui me déchirait les tympans. Et le mur avançait. Et les suppliciés tendaient vers moi leurs bras de pierre aux ongles rongés par la vermine. Ils voulaient m’étreindre, ils voulaient m’éteindre. Tout vacillait, tout se fissurait ; mon être se disloquait ! Je voulus les nier, fermer les yeux, mais je m’aperçu avec horreur qu’ils avaient mangé la couleur de mes prunelles ; que mes orbites étaient vides. Je me mis alors à hurler mais aucun son ne sortit. C’était trop tard, ils s’étaient immiscés partout dans mon crâne, y déversant des flots de larmes et de fiel !... Ils m’investissaient, ils me souillaient. Et plus ils me rongeaient plus je me sentais que mon esprit s’estompait… Il n’y avait plus rien à faire. Alors, vaincue je me suis laissée tomber dans l’abime…

Lorsque j’ai ouvert les yeux j’étais allongée sur une paillasse de la chapelle de Mont Noir. Le guérisseur était penché sur moi. Un peu derrière il y avait Durak, le Sieur du Cormyr et un autre qui se fait nommer l’anguille. Tout me revint alors… La crypte de Blockolm, les morts-vivants qui nous cernaient, leurs faces hideuses, leurs haleines spectrales, ce cliquetis d’os et cette avidité effroyable… La douleur. Puis le néant !

Ces aventuriers ne m’ont point abandonnés alors que c’eût été légitime dans de telles circonstances. Ils n’avaient de compte à ne rendre à personne et ils se sont embarrassés du fardeau de ce corps inerte aux oreilles pointues. Peut être les ai-je mal jugé. Je ne sais plus quoi penser. Je leur dois la vie…

Mère je n’ai pas le courage d’aller plus avant. Les mots s’embrouillent et la plume me tombe des mains.

Je t’embrasse.

Ta fille Laakën
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 25 Avr - 0:11

[Pas de date. Ecriture chaotique]

Mère,

Mon exaltation est retombée.
L’elfe charrié par la mer pourrit au fond d’une fosse et je ne saurai jamais d’où il venait, ce qu’il était, ni comment il a succombé. Bouche cousue à jamais, il a emporté ses mystères dans la terre morne de ce vaste galet du Sud.
La nuit est là. Tenace. D’un noir plus noir que le noir. Elle essore son manteau sur mon coeur et s’engraine, impalpable, sur les sentiers que j’ai usés à force de les chercher. Las mes espérances sont restées vaines. Point de frères ni de sœurs. Mère, tu m’as arrachée de nos terres pour me condamner à la solitude !

Les humains s’affairent et bourdonnent. Le goût du lucre et la fascination pour le tranchant d’une lame sont les valeurs qui convient de cultiver ici… La gloire, la belle affaire ! Point de délicatesse ni de poésie. Ma langue natale se dessèche, inutile au fond de mon palais. Ici, point de devenir, sauf à fixer l’abîme. S’y livrer bras ouverts, et être, pour une poignée de secondes, pareille à l’albatros.
Mère, je me prends parfois d’imaginer que je ne vis qu’un mauvais rêve ; que je vais m’éveiller, là auprès de vous sur les berges de notre lac ; et que je me réchauffe au soleil timoré filtrant au travers la brume qui s’étire indolente à l’aurore.

Mère, tu m’as envoyée au bout du monde pour m’y perdre.
J’ai cru que tu poursuivais quelques buts secrets ; que les desseins D’Aerdrie agitaient les feuilles sous mes pas. La réalité, dans sa crudité est bien en deçà de ces fantasmagories de jeune femme.

Mon âme comme un champs de ruines.
Ta fille.

Laakën.
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyMar 29 Avr - 13:48

Terres de Drasmal, Calar, 03 Noctur, festin de la Lune de l'an 1377 du calendrier de Vaux
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Chère Mère,

Me voici à présent associée à des humains, dans une compagnie qui s’appelle « les Lames » ou quelque chose y ressemblant. Tu as bien lu douce mère. Inutile de relire ou de me sermonner ! A tes heures perdues tu as eu l’heur de pouvoir façonner une fille selon ton caractère. Point de Mal–heur ni de Bon–heur* donc. Juste la conséquence de ton éducation joyeuse – je pourrai même oser le vocable de débridé, voire d’amoral entendu comme il se doit dans le sens de libertaire. Bref je suis joueuse, insouciante et grave tout à la fois, inconséquente, piquante ou atone. Selon. Et si tu as voulu mettre dans mon nom un peu de sagesse, je sais bien que ce n’était que pour tempérer tes humeurs fantasques. Ainsi sont les choses et n’y a pas à y revenir. Sans doute est-ce par désœuvrement que je me suis laissée prendre dans les mailles de cette association de prime abord incongrue, mais vois-tu la solitude ne m’étais plus tenable. Je n’ai trouvée, dans l’urgence, que cela pour me sortir de l’ornière. Et puis, à y regarder de plus près, les valeurs défendues par cette compagnie ne sont pas si antinomiques aux miennes. Camaraderie, esprit d’entraide, défense du bien, lutte contre les organisations maléfiques, telle le « Culte du Dragon » ou les « Mages Rouges », n’est-ce point là des préceptes qui vous agréent ? Certes je leur ai sans doute un peu extorqué lesdites valeurs, et sans doute que je force un peu le trait, car de fait nous n’avons point palabré sur ce qu’il convenait de classifier dans les organisations néfastes – je dois concéder même que le sujet n’a pas été frontalement abordé. Il n’empêche ! Sois fière Mère, car voici ta fille promue responsable de la diplomatie des fameuses « Lames de Drasmal» à la place d’un Mor indisposé depuis un certain temps – pas un mort. Par ailleurs le tranchant de l’épée symboliquement me fait songer a mon Zamr**. J’y ai vu là un signe supplémentaire pour me lancer dans cette affaire et je ne désespère pas d’associer au fer la poésie qui manque si cruellement en ces terres ; et à la force brute ou retorse ce supplément d’âme qui conduits aux actions justes.

A ce stade de mon propos, Mère je me doute bien que tu brûle d’impatience de savoir qui sont donc les fiers aventuriers qui s’enorgueillissent du titre de « Lames de Drasmal ». Pour donner dans le lapidaire : Ils en sont rendus à ce jour à la portion congrue. Deux individus. Cled et Pers. Les autres ne sont pour moi que des noms, d’hypothétiques ombres sans consistance tangible. Ce qu’il convient de savoir c’est que cette guilde est l’émanation de celle que j’ai connu jadis ici même, et qui se trouvait sous férule d’un dénommé Phael dont j’ai déjà dû te brosser les traits. Je ne me souviens plus si je te l’ai dit mais Cled est son fils, un fils qui tient en fort piètre estime son géniteur, ce qui démontre un certain bon sens - bien qu’il me soit avis qu’ils se ressemblent par moult aspects. Mais ça fort évidemment je le conserve par devers moi. Pers quant-à lui, que j’avais gratifiée du sobriquet d’Ours dans une précédente correspondance, il a la langue plus déliée que par le passé, et se laisse parfois aller à la confidence. C’est au final une personne pragmatique ayant une influence salutaire sur son compagnon d’arme. L’un comme l’autre, ils ont faiblesses et défauts inhérents à leur race, mais ils ont cette manière droite et sans détour de dire – et faire - les choses qui en font des personnes fréquentables. En d’autres termes, pour être tout à fait juste, je me dois de te concéder, Mère, que j’aime plutôt bien ces deux humains.

Il ne me reste hélas que fort peu de place pour te dire que nous avons menés à bien sans trop d’encombres notre première mission - qui consistait à mener Dame Iria, à Calar.
Je ne manquerai point chère Mère de te conter mes prochaines aventures.

Ta fille Laaken.


* Avoir l'heur de signifie « avoir la chance de », « avoir le bonheur de », « avoir le plaisir de ».
En ancien français, il s'est écrit sous les formes oür, aür, eür, puis, à partir du XVe siècle, on l'a écrit heur, sous l'influence du mot heure (dérivé du latin hora, mot désignant une unité de temps). Il signifiait alors « chance » (bonne ou mauvaise) et on précisait au besoin la nature de cette chance : bon heur, mal heur. De là viennent nos mots bonheur et malheur. Des expressions homophones existaient également avec le mot heure (bonne heure, male heure), ce qui peut avoir contribué à la confusion entre heur et heure.
(source : http://www.druide.com/points_de_langue_25.html )
** Instruments traditionnels reposant sur le principe de l'anche (petite languette taillée généralement dans le roseau qui est mise en vibration par le souffle).
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 9 Mai - 11:44

Terres de Drasmal, Calar, 19 Noctur de l’an 1377 du calendrier de Vaux
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Chère Mère,

Tu pourrais arguer que je ne cherche qu’à instruire le dossier de ma postérité, ce qui n’est point totalement infondé. Et s’il me prend l’envie de te conter toutes ces aventures c’est que je me dois d’entretenir ma mise littéraire ; mieux qu’il m’appartient de la construire ex nihilo. Le boutte hors si aisé* n’advient pas sans un travail préliminaire sur les fondations même de l’être. Mon esprit est fait d’apartés. Aussi, à ce stade de ma missive je m’interroge sur le divorce apparent entre ma prose couchée sur parchemin et les mots de poissonnières, les trivialités trop souvent ânonnées à flots par ma bouche aux lèvres ourlées, et qui me font paraitre pareille à vous dans vos instants de verve – oui prenez cela Maman chérie comme une méchanceté, une perfidie de ma part ! Est-ce là bien la même personne dont il s’agit ? Certes la complexité a horreur du vide, et se love partout ou il lui est loisible de le faire. Et bien mal en prend au sot ou l’indigent qui ne lit que braverie dans le coup d’épée désespéré du soldat sur le champ de bataille. C’est que, quelque soient les obligations ou les motivations qui l’ont conduit à cette ruine sanglante, il n’a point consenti à la souffrance délibérée – sauf à être Loviat – Une vision, un idéal le fait tenir. Il préserve par devers soi l’intimité de son esprit et il frappe l’ennemi par habitude, par pur mimétisme pour ne point paraître incongru à ses compagnons d’infortune. Les choses seraient simplistes et incomplètes, Mère, si je ne te concédais point qu’entre aussi en jeu, cette dynamique de groupe qui fait de l’entraide intéressée un puissant moteur de survie. Il en va de même pour moi.

Cette vaine rhétorique, Tari, bien que j’espère qu’elle t’égaille quelque peu tout me permettant par l’esprit de me rapprocher de toi, ne fait au fond que voiler pudiquement mon désarroi présent. Car voici un fait d’arme commis par ta fille, qui a voulu sacrifier au bien et qui contribua malgré soi à abîmer les valeurs qui la font tenir vent debout en ce monde. Les faits : Des nuées de corbeaux aux ailes fuligineuses abattus sur les champs de Jack. Je te précise ici, pour la clarté de l’exposé qu’il s’agit d’une petite personne dont le destin est de nourrir la population de Calar. Bref les oiseaux se bâfraient et la famine rampait. Il me faut désormais te peindre à gros trait un autre acteur, Traben, bourgmestre ricanant du village haut perché sur la falaise occidentale de Drasmal. Il est vassal de la Dame Iria, la femelle de Mont Noir dont je t’ai déjà parlée. Cet homme complexe détenait un livre dont d’aucuns pensaient qu’il en dessinait lui-même les images ; ces illustrations terribles comme des augures !... Car la magie suintait de la couverture vénérable, s’écoulant sur les gravures tel un acide irrépressible. Jus de pavot indépassable… Traben fixait les images et voyait ce qui allait advenir. Alors saisi d’effroi il refermait l’ouvrage, avant de le rouvrir, encore et encore, trouvant de nouvelles pages colorées par le destin. La sagesse populaire, vois-tu Mère, n’était point si insensée, et il y avait du vrai à dire que Traben écrivait ces choses sinistres. Pour le dire autrement il était devenu l’instigateur malheureux des tourments endurés par son village. Esclave fasciné par ce qui l’enchaîne, ne pouvant garder par devers soi la splendeur de ce qu’il supposait être un instrument de pouvoir immense, il advenait parfois qu’il lui prenne l’envie impérieuse de montrer ces images. Je ne fus point la première à qui il le fit. D’autres aperçurent aussi les funestes compositions colorées emprisonnées par l’encre mystérieuse du livre. Ce fut le cas du Sieur Jerdanis qui s’est prit de puis peu un accent ridicule, et qui vit des navires aux bannières de Licorne approcher du rivage, tout comme je vis cet homme – loup aux yeux fauves se frotter contre les clôtures de Jack pour y laisser des poils.

Tu t’en doutes, Mère. Ce fut ne fut point aisé d’obtenir de Traben qu’il m’abandonna son précieux livre. A son contact, cet homme usuellement pragmatique, n’avait plus toute sa raison. Je te passe ici le laborieux de l’argumentaire que je dus déployer pour venir à bout de l’aveuglement de Traben. Saches juste, Mère, que je fus en butte à ses regards altérés par la rage et que j’eus peur à plusieurs reprises qu’il en vienne à me frapper, voire que prit de folie il ne cherche à m’occire sans formalités. Mais pour une raison que je te tiens ici encore malicieusement secrète, je tins ferme et parvins après moult palabres à le convaincre à me confier l’objet.

Oh… Par les sangs ! Prise de prolixité je n’ai point vu que le parchemin touchait à son terme. Las l’espace me manque véritablement pour te livrer présentement plus avant mon histoire, sans devoir procéder à d’affreuses coupures auxquelles mon esprit se refuse à se résigner…

Je t’adresse celui-ci et vole en quérir un autre. Sois patiente.

Je t’embrasse.

Ta fille, Laaken.


Ps : je me suis interrogée sur l’étymologie de Calar sans ne rien trouver de probant sauf cette singularité : çalar saat, prononcé /ʧɑ.ɫɑɾ sɑːt/ est une locution orientale qui signifie le Réveil. Je ne sais point s’il y a un lien mais cela m’apparaît être une fortuite et délicieuse métaphore.


* Boutte si aisé : L'expression si aisée. Aptitude à exprimer si aisément sa pensée.
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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyVen 9 Mai - 20:03

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MessageSujet: Re: Correspondances épistolaires de Laakën   Correspondances épistolaires de Laakën EmptyDim 11 Mai - 10:15

Terres de Drasmal, Calar, 19 Noctur de l’an 1377 du calendrier de Vaux
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Mère,

« Lateus in presens animus, quod ultra est, oderit curare ».*
« Ne utile quidem est Scire quid futurum sit : miserum est enim nihil proficientem » **

Ces deux sentences entrent idéalement en résonance avec le sujet qui nous occupe. Tu le vois j’ai fait au plus vite pour ne point te laisser languir davantage. Entrons derechef sans circonvolutions dans le vif du sujet : Le livre que je pris des mains de Traben. Quelle force, quelle impérieuse nécessité me poussait ainsi à mettre en péril le fil de mes jours ? Car si j’adore les livres, je ne sais si je sacrifierai ma vie pour les plus beaux élans de la prose, ceux qui si purs transportent irrémédiablement l’âme dans les firmaments célestes. Peu être ne céderai-je point davantage pour l’épopée la plus grandiose, celle que l’on conserve toujours par devers soi près du feu, afin d’édifier les enfants des siècles en devenir. Quelle serait ma capacité d’évitement du pire devant les poèmes si touchants qu’ils vous font embrasser les ailes des Dieux ? Qui peut savoir au fond ? Imaginant ces perles de la littérature ou de la philosophie je me sens remuée, tentée par l’abandon aux rêveries inoffensives qui me laissent accroire que sans doute que si, je me mettrai au péril ! Mais assez de songeries. Dans mon aventure bien réelle, je tins mon courage, ma détermination et ma force d’une rencontre impossible – ou tellement improbable que l’on n’y songe que dans les fantasmagories les plus éthérées. Une femme – arbre. Une reine des bois, nue, dame - lierre dont des bras s’égouttaient des feuilles. Elle avait cette sauvagerie nimbée de douceur de ceux dont le regard voit au-delà des horizons du commun. Les doctes érudits, dans leurs soucis de classification, diraient d’elle qu’elle était une Dryade. Moi je dis Dame – Lierre et cela vaut bien tous les discours savants du monde.

La nuit était encre mauve et la lune galopait sur les falaises, embrassant dans sa course échevelée les étoiles. Les vagues claquaient au loin sur les brisants, et explosaient en mille paillettes d’argent. Je distinguais tout cela nettement, comme si la proximité de la dame - Lierre dilatait mes sens. Elle parlait bas mais sa voix résonnait dans ma tête. Fascinée je lisais ses lèvres qui avaient les accents impérieux de l’éternité. Son timbre était pareil à une mélopée au goût de l’humus. Imperturbable icône, elle charriait sur mon cœur l’histoire terrible de ce livre ; cette chose ensorcelée et maudite qui emprisonnait la vie de son maître. Car la dame – Lierre servait une bête qui n’en n’était point une, une créature irracontable, une et multiple tout à la fois. C’était quelque chose au-delà de l’entendement et que je n’avais point à connaître – pouvais-je seulement l’appréhender ? J’en doute. Et ce maître était le un dans le tout, il était les éléments eux même, sans être réductible à aucun d’entre eux pris isolement. Il était aussi autre chose que le tout réuni. Il n’était pas la nature, ni hors la nature… Mais les mots de la logique sont de bien pauvres réconforts en pareille circonstance.

La dame – Lierre ne pouvait elle-même fouler de son pied végétal les lieux de civilisation ; une impossibilité foncière inhérent à sa nature. Elle n’eut point besoin de force rhétorique pour me convaincre de l’aider, si bien qu’elle me manda d’intercéder auprès de Traben… La suite tu la connais, Mère.

Dans le pacte convenu entre nous il y avait cette supplique de ma part : Que cesse les dévastations causées par les corbeaux si je parvenais à lui restituer l’ouvrage. Elle tint parole. Avec le recul j’ai honte d’avoir osée poser telle condition. Je l’aurai fait sans contrepartie, aucune, mais sur l’instant cela m’apparut juste que de faire cesser le courroux de la créature ; que Calar évite la famine. C’était une indignité de ma part que je paye à présent. Bien sûr le pire fut évité mais à présent la ferme de Jack se trouve noyée au milieu des habitations des migrants. La prospérité est retrouvée, mais las, le bruit lugubre de la cognée résonne bien au-delà du village. Les clôtures poussent le long de la plage de sable noir. Les hommes sont de vos voraces bêtes. Avides et sans égard pour la nature. Vois, Mère, le malheur auquel j’ai contribuée bien malgré moi. Je ne cherchais que l’équilibre, une voie médiane pour éviter la souffrance à des innocents et me voici instigatrice de l’hégémonie rampante des hommes ! Est-ce là ta leçon Mère ? Rien n’est acquis en ce monde ; rien n’est limpide ni écrit. Il nous faut toujours choisir entre une éthique de responsabilité et une éthique de conviction. Aucune des deux ne pourra satisfaire pleinement l’esprit. Quoi qu’on fasse ! L’immobilité est un choix qui n’est point sans conséquence ; l’action dite « juste » s’avère lourde d’effets impromptus. Et pourtant il faut bien choisir…

« Je connais par expérience cette conviction de nature, qui ne peux soutenir une véhémente préméditation et laborieuse : si elle ne va gaiement et librement, elle n’a rien qui vaille »***

Tout se trouve dans la citation de ce vieux châtelain de la région de la Mer de Lune, et qui, des années durant, cloîtré dans sa tour sonda si loin ses abîmes qu’il trouva ce qui manquait si bien à la foultitude. Pour le reste, se détourner des haruspices, voila le sentier qui conduit à la profonde sagesse.

Je t'embrasse.

Laaken


* « Satisfait du présent, l’esprit détestera de se soucier de l’avenir ». Horaces, Odes.
** « Il n’est pas utile non plus de savoir l’avenir. C’est misère, en effet, de se tourmenter sans profit ». Cicéron, La nature des dieux.
*** Montaigne, les essais.
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